Au Kazakhstan, miser sur l’atome pour viser la neutralité carbone

Le Kazakhstan, ce pays d’Asie centrale, envisage de construire une seconde centrale nucléaire une fois qu’il aura finalisé la sortie de terre de la première. Il s’agit là d’un virage audacieux pour l’une des principales puissances pétrolières au monde. Notons d’ailleurs que d’ici à 2060, ce pays s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone. La France, qui peut de son côté se targuer de posséder certains des meilleurs champions industriels de l’atome, gagnerait donc à se positionner sur ces futurs appels d’offres. Ceci, d’autant plus que le Kazakhstan demeure l’un de ses principaux fournisseurs d’uranium.

Un État qui vise la neutralité carbone

En plein cœur d’un été aux allures d’apocalypse climatique, la nouvelle représente une petite lueur d’espoir. Régulièrement classé parmi les premiers pays exportateurs de pétrole, le Kazakhstan a confirmé son virage vert en annonçant son intention de faire bâtir une nouvelle centrale nucléaire. Une ambition dévoilée le 5 août par le vice-ministre kazakhstanais de l’Énergie, Zhandos Nurmaganbetov.

Selon ce dernier, « si le Kazakhstan a mis le cap sur la neutralité carbone, il n’y a pas d’autre choix que de construire plusieurs centrales nucléaires » sur son territoire. « La deuxième centrale nucléaire du Kazakhstan sera probablement construite à proximité de la ville de Kurchatov, sur la rive de la rivière Irtysh », a détaillé l’officiel kazakhstanais. Le pays compte en effet déjà une petite installation nucléaire héritée de l’époque soviétique à Aktau dans le sud-ouest du pays, mais celle-ci a été mis hors -service en 2001 et sert désormais d’usine de dessalement.

Dans les cartons de Noursoultan depuis la fin des années 1990, la perspective de se doter de centrales nucléaires a enregistré un coup d’accélérateur l’année dernière, quand le président kazakhstanais, Kassym-Jomart Tokayev, a exhorté les autorités énergétiques du pays à étudier toutes les possibilités afin de faire face à la pénurie d’électricité qui menacerait le pays d’Asie centrale à l’horizon 2030. Étant donné qu’il est assis sur les secondes réserves d’uranium au monde (environ 12 %), le Kazakhstan peut en effet, sans crainte de rupture d’approvisionnement, miser sur l’énergie nucléaire pour tenter d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060. Soulignons que cet objectif a été fixé par le chef de l’État Kassym-Jomart Tokayev.

La France a une carte à jouer


Cette stratégie adoptée par ce pays d’Asie centrale se traduira par : « la diminution de la part de carbone dans le fonctionnement de centrales électriques, en passant notamment de centrales à gaz (et) dans le développement actif de sources d’énergies renouvelables ». C’est d’ailleurs ce qu’expliquait en mars dernier, Murat Zhurebekov, le premier vice-ministre de l’Énergie du Kazakhstan. La construction de cette centrale nucléaire fait pleinement partie de ces réflexions à long terme, une telle installation pouvant, d’après le ministre kazakhstanais, fournir jusqu’à 15 % de l’électricité dont le pays a besoin. Reste, pour les autorités locales, à trouver les partenaires susceptibles de les accompagner dans cette aventure industrielle au long cours.

« Nous étudions l’expérience et le savoir-faire de plusieurs pays en la matière », reconnaît ainsi Murat Zhurebekov selon qui « la France occupe une bonne place » parmi les partenaires envisagés. Non sans raison, l’Hexagone et ses grands groupes industriels faisant depuis toujours figure de pionniers de l’atome. Mais aussi, parce que le Kazakhstan demeure le premier fournisseur d’uranium des centrales nucléaires françaises. À ce titre, le géant d’Asie centrale « est, et restera toujours ouvert à la coopération bilatérale avec la France, notamment en matière d’extraction d’uranium », assure M. Zhurebekov. Alors qu’Emmanuel Macron ne s’est toujours pas officiellement déplacé au Kazakhstan, l’Élysée saisira-t-il cette occasion de placer les champions tricolores du nucléaire en haut de la pile des décideurs kazakhstanais ?

Auteur de l’article : Camille

Grande voyageuse et très sensible à tout ce qui touche à l’environnement, je tire la sonnette d'alarme à travers ce site afin de sensibiliser les plus sceptiques !