Le Kazakhstan, nouveau géant des énergies renouvelables ?

Plus grand pays d’Asie centrale, le Kazakhstan, s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060. Malgré une dépendance encore importante aux énergies fossiles, la république kazakhe multiplie les projets dans les énergies renouvelables. Petit tour d’horizon dans les steppes. Avec ses 200 éoliennes, le projet « Mirny », officiellement annoncé début juin, s’apprête à devenir le plus grand parc éolien du Kazakhstan. Mené en partenariat avec TotalEnergies sur une durée de 25 ans, le projet représente un investissement total de 1,4 milliard de dollars.

Un pas important pour la nation d’Asie centrale vers la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), alors qu’elle est la première de la région à s’être engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060. Si l’image du Kazakhstan est encore associée à l’exploitation d’hydrocarbures, son potentiel en termes d’énergies vertes est pourtant très important, et le pays souhaite accélérer la cadence, au cours de cette décennie, pour développer le plus possible les énergies alternatives et sortir des énergies fossiles.

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Un million de personnes alimentées en énergies vertes

Le projet « Mirny » prévoit la construction d’un parc de 200 éoliennes pour une production globale prévue de 1 GW. Le parc, qui verra le jour dans la région de Zhambyl, au sud du pays, sera accompagné d’un stockage d’énergie par batterie de 600 MWh pour assurer une alimentation électrique fiable. Plus grand projet d’énergie éolienne dans ce pays d’Asie centrale, l’électricité verte générée devrait permettre d’assurer l’alimentation d’environ un million de personnes. Surtout, Mirny va grandement aider la république kazakhe à atteindre son objectif de produire 15 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici à l’année 2030.

Ce nouveau parc éolien est dans la lignée du projet « Astana Expo 2017 », composé de 29 éoliennes, situées à environ 40 km de la capitale. « La production annuelle [du parc éolien d’Astana] est d’environ 300 millions de kilowattheures », détaille Bagdat Oral, directeur de CAEPCo, l’un des principaux énergéticiens kazakhs. « Cela correspond à la consommation d’environ 80 000 appartements résidentiels ». Au total, l’énergie produite par ces éoliennes permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre du Kazakhstan d’environ 270 000 tonnes par an.

Un parc solaire déjà important et bien implanté

Mirny n’est pas le seul projet d’énergies renouvelables de TotalEnergies au Kazakhstan : le groupe français exploite déjà deux centrales solaires dans le pays, représentant une capacité totale de 128 MW. Plus globalement, depuis 2019, le Kazakhstan s’affiche comme une figure de proue de la production de l’énergie solaire en Asie centrale, grâce à sa centrale photovoltaïque SES Saran, située dans la région de Karaganda. Exploitée par l’entreprise allemande Goldbeck Solar, elle produit un peu plus de 125 millions KW par an. « Il s’agit de la toute première grande centrale photovoltaïque au Kazakhstan et de toute l’Asie centrale », souligne Evgeniy Grebennikov, directeur général de SES Saran. Un premier « message positif » adressé aux investisseurs étrangers pour « investir dans l’énergie solaire au Kazakhstan », ajoute le PDG.

Le pays d’Asie centrale a d’ailleurs mis en place un système « d’enchères électroniques » dans le but d’attirer, le plus possible, les investissements étrangers dans le renouvelable. « Plus de 200 entreprises venant de neuf pays différents ont participé à ces enchères électroniques », indique Nurlan Kapenov, président de Qazaq Green, une association spécialiste des questions liées aux énergies renouvelables. « Plus de 60 contrats ont été signés, cela signifie que le Kazakhstan attire réellement les investisseurs internationaux dans le domaine des énergies vertes ». Une bonne nouvelle pour la décarbonation de l’économie kazakhe.

Développer toutes les sources de renouvelables en dix ans

Au total, on dénombre 130 installations d’énergies renouvelables au Kazakhstan, mais le pays souhaite aller encore plus loin afin de remplir son objectif fixé à 2030. 41 nouveaux projets d’énergies vertes sont ainsi prévus d’ici à 2025, dont six parcs éoliens, qui feront leur apparition dans la ville de Kokshetau, avec une capacité totale prévue de 300 mégawatts. L’association Qazag Green indique d’ailleurs que le nord du Kazakhstan et les régions d’Almaty (sud) et de Zhambyl sont particulièrement propices au développement des énergies solaires et éoliennes. En 2023, 15 nouvelles installations devraient y voir le jour.

Enfin, mis à part le solaire et l’éolien, le Kazakhstan est actuellement en discussion avec ses voisins, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan, pour la construction d’une centrale hydroélectrique. Le projet, nommé « Kambarata », est en réalité vieux de trente ans, mais vient d’être relancé en début d’année à travers la signature d’une feuille de route par les ministres de l’Énergie des trois nations d’Asie centrale. Initialement abandonné du fait de l’effondrement de l’Union soviétique, le projet comprend désormais la construction d’un barrage de 256 mètres et d’une centrale électrique dotée d’une capacité totale de 1860 mégawatts. Une initiative trilatérale d’envergure qui permettra de renforcer l’indépendance énergétique des trois pays tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre.

« Nous parions sur le vent, sur le soleil », mais aussi sur « les centrales hydroélectriques », a reconnu Bolat Akchulakov, ministre kazakh de l’Énergie, reconnaissant le « très gros potentiel » du pays dans ces domaines-là, malgré une dépendance encore importante aux hydrocarbures, comme tous les pays de la région. « Nous suivons de près l’évolution technologique. Nos scientifiques réfléchissent également à la manière de faire des sources d’énergie renouvelable, un substitut à part entière des centrales à combustibles fossiles. C’est aujourd’hui le plus grand défi pour le Kazakhstan, mais aussi pour le monde entier », a-t-il ajouté. Une démarche à suivre par tous les pays afin de limiter le plus possible les effets dévastateurs du réchauffement climatique.

Auteur de l’article : Camille

Grande voyageuse et très sensible à tout ce qui touche à l’environnement, je tire la sonnette d'alarme à travers ce site afin de sensibiliser les plus sceptiques !