Transition énergétique : Aliou Diallo rend crédible l’hydrogène naturel

En seulement dix ans, l’entrepreneur malien Aliou Boubacar Diallo a réussi à faire passer l’hydrogène naturel du statut de ressource méconnue à celui de potentiel candidat de la transition énergétique. Aujourd’hui, sa société Hydroma se lance à la conquête du monde, alors que l’Europe multiplie les plans pour le développement de l’hydrogène. La France vient de présenter son plan de relance économique à 100 milliards d’euros avec un important volet vert doté de 30 milliards.

Dans cette enveloppe, le gouvernement a prévu 2 milliards d’euros pour la filière de l’hydrogène vert. Il souhaite même consacrer à cette ressource, 7 milliards d’euros d’ici 2030 afin de faire de la France un « pays de pointe » en la matière. La France rattrape ainsi son retard sur l’Allemagne, qui ambitionne devenir numéro Un de l’hydrogène vert. Grâce à un soutien financier de sept milliards d’euros, le pays va installer 10 GW de capacités d’électrolyse d’ici à 2040. Un investissement qui servira à décarboner l’industrie, notamment.

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Les deux plus grandes puissances économiques dans la danse

En début d’année, les États-Unis, première puissance économique, avaient également proposé une feuille de route de l’hydrogène, intitulé « Roadmap to US hydrogen economy » (reducing emissions and driving growth across the nation). Ce document élaboré avec le concours de près d’une vingtaine d’acteurs de la filière, dont les Français Air Liquide et ENGIE, suggère des pistes pour déployer l’hydrogène dans plusieurs secteurs, dont l’industrie et la mobilité lourde.

Pour sa part, la Chine a engagé en 2019 une vaste réorientation industrielle qui prévoit un million de véhicules à hydrogène en circulation d’ici 2030, contre 2 500 véhicules aujourd’hui. Pékin a déjà investi l’équivalent de plus de 10,7 milliards d’euros dans la technologie des piles à combustible. Preuve supplémentaire de son ambition de verdir son économie, le plus gros pollueur du monde a construit la plus grosse pompe à hydrogène de la planète à Shanghai (8000 m²).

Aliou Diallo, un pionnier de l’hydrogène naturel

Alors que l’Europe, les États-Unis et la Chine décident enfin de s’intéresser véritablement à l’hydrogène, au Mali, un ambitieux entrepreneur a déjà pris au moins dix années d’avance. En effet, dès 2010, Aliou Diallo a entamé une révolution énergétique dans son pays en misant sur l’hydrogène naturel. Un gaz plus vertueux que l’hydrogène vert, lui-même plus écologique que l’hydrogène gris, bleu ou turquoise.

Aliou Diallo avait fait le pari de l’hydrogène naturel à une époque où la communauté scientifique doutait même de son existence sur les continents. On la croyait seulement présente dans des profondeurs inaccessibles de l’océan et à des quantités sans intérêts économiques. Mais la découverte d’importants gisements en Russie et au Mali, grâce notamment au travail d’Alain Prinzhofer de l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (IFPEN), va jeter de nouveaux projecteurs sur l’hydrogène naturel. Ce qui ne suffira pas, car on lui cherchait la « petite bête » : les pouvoirs publics et les industriels estimaient qu’il manquait encore beaucoup de connaissances pour se lancer dans son exploitation.

De l’électricité propre à partir de l’hydrogène naturel

Aliou Diallo, lui, n’a pas attendu une encyclopédie sur l’hydrogène naturel pour se lancer dans son exploration et son exploitation. Il avait compris que l’audace devait toujours guider un entrepreneur. Sa société Hydroma Inc. a mené de nombreux forages dès 2010 dans le cercle de Kati et a identifié au moins vingt-cinq puits positifs, dont l’un fait l’objet d’exploitation depuis 2012. L’entreprise d’Aliou Diallo transforme l’hydrogène naturel en électricité verte, qu’elle distribue ensuite gratuitement aux habitants de Bourakébougou, village situé à une soixantaine de kilomètres de Bamako.

S’appuyant sur le succès de cette unité pilote, l’homme d’affaires malien a lancé l’exploitation à grande échelle de l’hydrogène naturel. Par ailleurs, Hydroma Inc. mène actuellement des prospections en Australie et au Canada, où des études scientifiques suggèrent l’existence d’immenses gisements.

Auteur de l’article : Camille

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